29 euros par mois, dont 7 de taxes : voici l’estimation que nous faisons de l’impact du coût du carburant sur le budget des ménages, objet d’une vive polémique en France. Notre estimation est valable pour un véhicule diesel qui consomme 6,5 litres aux 100 km ce qui est supérieur à la moyenne.
Entre la fin de l’année 2017 et la fin 2018, le prix du gazole à la pompe a augmenté d’environ 20 %, de 1,25 euro le litre à 1,5 euros. Si l’on se fonde sur une consommation de 6,5 litres aux 100 km et sur 21 600 km annuels parcourus – ce nombre de km est 50 % de plus que la moyenne des véhicules roulant au gazole selon les données du Comité des constructeurs français d’automobiles – le surcoût total est de 29 euros mensuels et de près de 350 euros annuels. De son côté, la hausse de la taxe sur le gazole a été de six centimes au début de l’année 2018, ce qui représente un quart de l’ensemble, soit 7 euros mensuels et 84 euros annuels.
Nos données surestiment le surcoût pour l’immense majorité des automobilistes qui roulent au gazole et ne parcourent pas 21 000 km/an. En outre, la hausse est moindre pour les 40 % de personnes qui utilisent un véhicule à essence. Pour une personne payée au Smic, l’augmentation totale du prix du gazole représente 2,5 % de son salaire net, dont 0,6 % sont liés aux seules taxes. Le salaire moyen étant environ deux fois supérieur au Smic (2 250 euros selon l’Insee), l’impact est donc moitié moindre à ce niveau de revenu, soit 1,3 % de perte de pouvoir d’achat lié à l’ensemble de la hausse du prix à la pompe.
L’impact de l’évolution du prix des carburants sur le budget des familles est souvent exagéré. Le niveau actuel est comparable à celui atteint en janvier 2012, mais depuis cette période la hausse des prix à la consommation a été de 6 % environ. Il n’en demeure pas moins important pour les plus bas niveaux de revenus et pour ceux qui roulent le plus, notamment en milieu rural éloigné (5 % de la population). L’impact psychologique est fort, car la progression a été particulièrement brutale en 2018 et parce qu’une partie de la population habite (environ 25 %) désormais en milieu périurbain et a un mode de vie où l’automobile occupe une place importante, nécessitant souvent deux véhicules. Une partie de l’incompréhension actuelle est liée à la difficulté de mesurer la part revenant à l’évolution des cours mondiaux du pétrole et à la baisse de l’euro face au dollar d’un côté et la hausse des taxes de l’autre. Enfin, ces hausses de taxes qui touchent des foyers modestes ont été accompagnées de baisses d’impôts pour les plus aisés (notamment l’impôt sur la fortune), ce qui alimente la colère d’une partie de la population.