45 % à Roubaix (Nord), 44 % à Saint-Pierre (La Réunion) et 43 % à Tampon (La Réunion). Le Compas1 publie ses estimations des taux de pauvreté des plus grandes communes de France, pour l’année 2011 (lire l’étude sur le site du Compas). Nous publions l’essentiel du texte 2.
Le phénomène qui frappe reste l’ampleur de la pauvreté dans les communes d’Outre-mer : la moitié des dix communes où le taux de pauvreté est le plus élevé – supérieur à 32 % – se situent dans ces départements. Des territoires où l’extrême richesse côtoie la plus grande pauvreté3.
Le classement fait ressortir des communes de localisation très diverse. La pauvreté est aussi bien ancrée dans des villes du Sud, comme Béziers, Perpignan, Avignon ou Nîmes, que du Nord et de l’Est comme Roubaix, Calais ou Mulhouse. Certaines métropoles importantes comme Marseille, Montpellier ou Lille figurent aussi parmi les territoires où le taux de pauvreté est le plus élevé. On trouve bien entendu des communes de la banlieue Nord de Paris (Aubervilliers, Pantin, Sarcelles, Epinay-sur-Seine…) où la pauvreté atteint ou dépasse le tiers de la population. Seul l’Ouest, de tradition moins inégalitaire et moins marqué par la crise, est moins représenté.
Plusieurs facteurs expliquent ces hauts niveaux de pauvreté. L’emploi tout d’abord : le taux de pauvreté est le plus élevé là où l’emploi manque le plus. De Roubaix à Mulhouse en passant par Nîmes, certaines villes ont été marquées par le déclin industriel. Mais l’emploi fait aussi défaut dans certains territoires moins sinistrés, mais qui attirent particulièrement la main d’oeuvre – c’est le cas de Montpellier par exemple.
Mais d’autres facteurs interviennent comme le type de peuplement des communes (et par exemple l’implantation de populations immigrées démunies), l’histoire des politiques locales de logement social et l’évolution des prix de l’immobilier ou l’existence d’un parc privé accessible à des catégories défavorisées. L’ampleur de la pauvreté des communes du Nord de Paris est en partie la conséquence de la flamblée des prix dans la capitale, qui repousse les habitants les plus modestes.
Neuf des dix communes où le taux de pauvreté est le plus faible (entre 7 et 10 %) sont situées dans l’Ouest parisien, qui compose le coeur aisé du pays : les prix de l’immobilier locatif y sont très élevés et les politiques de logement social beaucoup moins développées qu’ailleurs.
Ces données doivent être utilisées avec beaucoup de précaution. D’abord parce qu’il s’agit d’estimations de prestations et non des montants effectivement perçus par les ménages. Ce classement est très dépendant du seuil de population : il faut environ au moins 54 000 habitants pour figurer parmi les 100 plus grandes villes. Si l’on intègre toutes les villes de plus de 10 000 habitants, on voit notamment apparaître un grand nombre de communes de banlieue parisienne, comme Clichy-sous-Bois (45 % de pauvres) ou Grigny (43 %) ou des départements d’Outre-mer comme Le Port, 38 000 habitants, au nord-ouest de la Réunion, où le taux de pauvreté s’élève à 55 %. A l’opposé, les communes des Yvelines de Croissy-sur-Seine, Voisins-le-Bretonneux ou le Vésinet, comptent seulement 5 % de leur population vivant sous le seuil de pauvreté.
Pour en savoir plus : "Les taux de pauvreté des 100 plus grandes communes de France", Compas études n°11, janvier 2014.
Notes:
- Le Compas est le bureau d'études qui finance le Centre d'observation de la société. ↩
- Voir aussi «Premières estimations du taux de pauvreté des plus grandes communes de France», Compas études n°2, août 2013. disponible sur www.lecompas.fr, rubrique «publications». ↩
- Voir «Les départements d’Outre-mer marqués par les difficultés sociales et les inégalités», Compas études n°9, octobre 2013. ↩