Le taux de pauvreté augmente en France depuis le début des années 2000. Entre 2004 et 2022, il a progressé de 6,8 % à 8,1 % au seuil situé à 50 % du niveau de vie médian, et de 12,4 % à 14,4 % au seuil à 60 % selon l’Insee. L’essentiel de la hausse a eu lieu dans les années 2000. Si on utilise le seuil à 50 %, le nombre de pauvres a augmenté de 4,2 à 5,1 millions au cours de cette période, pour partie du fait de la progression de la population. Ils vivent avec au maximum 1014 euros par mois pour une personne seule.

Cette remontée constitue un changement important. La pauvreté nettement baissé dans les années 1970 et 1980. Au seuil de 50 %, le taux de pauvreté s’est réduit de 12 % à 8 % entre 1970 et 1990, le nombre de pauvres est alors passé de 5,8 à 3,8 millions. À l’époque, les revenus des classes moyennes s’élèvent, mais ceux des plus modestes s’accroissent davantage, en dépit de la montée du chômage qui s’amorce à partir de la fin des années 1970. Les plus pauvres rattrapent le revenu des classes moyennes. En particulier les plus âgés, dont le taux de pauvreté s’est très fortement réduit.

Le milieu des années 1990 et surtout le début des années 2000 ont marqué un tournant. À partir de ce moment, la pauvreté progresse sous l’effet de plusieurs différents. Le nombre de familles monoparentales aux faibles revenus s’élève. Même si la France est moins accueillante que ses voisins, l’immigration reprend. Mais, au fond, la hausse de la pauvreté reste le fait d’une croissance qui demeure historiquement faible et, en conséquence, d’un niveau de chômage élevé. L’amélioration de la situation depuis 2015 a un effet réduit, car elle s’accompagne d’une augmentation de la précarité et qu’elle concerne peu les ménages très modestes. Le refus de permettre aux réfugiés de travailler les empêche de sortir de la pauvreté, ce qui accroît le nombre de personnes totalement démunies dont une partie est absente de ces statistiques.

Les données de l’Insee s’arrêtent en 2022. Il est impossible de dire ce qui s’est passé depuis, faute de données plus récentes. L’inflation pèse sur le pouvoir d’achat des plus modestes et les faibles revalorisations des prestations sociales font craindre une poursuite de ce mouvement. En revanche, la baisse du chômage devrait finir par avoir des effets positifs si elle continue. Le nombre d’allocataires du revenu de solidarité active diminue.

Comprendre l'évolution de la pauvreté
L’évolution de la pauvreté est souvent mal interprétée faute de vraiment comprendre l’indicateur. Le seuil de pauvreté est fixé par rapport au niveau de vie médian1, le plus souvent de 50 % ou 60 % (voir notre article). Quand le niveau de vie médian augmente, le seuil de pauvreté aussi.
Une hausse du nombre de pauvres ne signifie pas que la population soit de plus en plus pauvre, mais qu'un nombre plus important de personnes se situent en dessous de cette fraction du niveau de vie médian. On peut avoir une augmentation de la pauvreté alors que le revenu des plus pauvres augmente, mais moins vite que celui des classes moyennes.

Notes:

  1. Le niveau de vie médian est le revenu pour lequel la moitié de la population gagne moins, l’autre moitié davantage.