Comment partage-t-on l’argent dans le couple ? Cette question est essentielle, puisque entre 30 et 70 ans, environ 70 % des personnes vivent à deux. La manière dont chacun des partenaires contribue aux dépenses communes et ce qu’il va garder ou non pour lui-même est déterminante. Chaque année, c’est plusieurs centaines de milliards d’euros qui sont ainsi partagés.
Sur 100 euros de revenus, en moyenne, 53 euros sont apportés par les hommes et 33 euros par les femmes indique une étude publiée par l’Observatoire des inégalités. On ne sait pas répartir les 14 euros restant car il s’agit souvent de prestations reçues pour l’ensemble du ménage (comme les allocations familiales)1. Cet écart résulte principalement des inégalités de salaires entre femmes et hommes dans notre pays. Selon une étude de l’Ined, dans 64 % des cas les hommes constituent le principal apport de revenus, dans 20 % des cas les revenus sont équilibrés et pour 16 % les femmes apportent davantage. Autrement dit, les hommes ont quatre fois plus souvent des revenus supérieurs aux femmes dans un couple.
Malheureusement, aucune donnée récente ne permet de répondre à la manière dont se réalise ensuite le partage. Seule une étude de l’Insee portant sur des données de 2010 apporte quelques éléments. À l’époque, près des deux tiers des couples déclarent mettre l’ensemble de leurs revenus en commun, 18 % en partageaient une partie seulement et la même proportion séparait totalement leurs comptes. Dans la très grande majorité des cas, les revenus d’un couple sont mis dans un pot commun et les dépenses réalisées en fonction des besoins.
Plus l’ancienneté de vie commune est élevée, plus la part de ceux qui disent partager l’ensemble des revenus est grande. Elle atteint 80 % pour ceux formés depuis 20 ans ou plus, contre 31 % pour les couples de moins de cinq ans d’ancienneté. La présence d’enfants accroît la probabilité de mise en commun des revenus. Enfin, certaines professions non salariées ont intérêt à distinguer leurs revenus et leurs patrimoines : sinon, en cas de pertes importantes, cela pourrait avoir des répercussions sur le couple.
La forme du partage des revenus ne dit pas tout. On peut ne pas avoir un seul compte, mais, par la suite, contribuer de manière plus ou moins équitable aux dépenses communes. Le couple reste, sauf cas particuliers, dans une logique de redistribution (celui qui perçoit le plus paye le plus) et très éloigné d’une logique individualiste (chacun paie ses dépenses). Parmi les couples qui ne mettent pas en commun l’ensemble de leurs revenus, seuls 21 % contribuent de façon égale aux dépenses, sans tenir compte de leurs ressources respectives 2. L’Insee estime cependant que les recompositions, l’instabilité des couples et la hausse du nombre de ceux qui comprennent deux actifs pourraient réduire la proportion de couples qui partagent entièrement leurs revenus. Ce qui est impossible à vérifier du fait du manque de données.
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