Une personne vivant en France sur cinq – donc environ 13 millions d’individus – est immigrée ou a au moins un parent immigré, selon les données 2019-2020 de l’Insee. Une bonne partie des plus illustres personnages de notre pays sont issus de l’immigration, à l’image de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Au total, 9,2 % de la population vivant en France est immigrée : elle est née à l’étranger puis est venue s’installer durablement dans notre pays1. 5,9 % sont des descendants de deux parents immigrés et 5,8 % ont au moins un parent immigré.

11,7 % de la population française est constituée de descendants directs d’immigrés nés en France (la « deuxième génération »). Ils ont principalement des parents issus du Maghreb (4 %), d’Italie, d’Espagne et du Portugal (3,1 %). 1,4 % vient d’autres pays d’Afrique, 1,3 d’autres pays de l’Union européenne et 1,2 % d’Asie.

Les statistiques de l’Insee ne permettent pas d’en dire plus pour l’ensemble de la population. On ne connaît l’origine de la troisième génération (les petits-enfants d’immigrés) que pour les personnes âgées de 0 à 59 ans. Au total, 37,4 % des 30-34 ans sont soit immigrés, enfants d’au moins un immigré ou petits-enfants d’au moins un immigré. Plus on remonte le fil du temps, plus la part de la population ayant un ancêtre étranger augmente. Très peu d’entre nous ont des ancêtres tous nés en France : en cherchant bien nous sommes bien quasiment tous des enfants d’immigrés.

Ces données ont pour intérêt de mesurer l’impact au long cours des migrations. La France est une terre d’accueil depuis le XIIIe siècle. À partir du milieu du XIXe siècle, les flux s’amplifient pour combler les besoins de main-d’œuvre, car la natalité française est assez faible par rapport aux autres pays. Les travailleurs venus de Pologne, de Belgique, d’Italie, d’Espagne, du Portugal, puis des anciennes colonies ont quitté leur pays pour fuir la misère et faire tourner la machine économique française. L’immense majorité est restée en France, s’y est mariée, et a fait des enfants.

La notion même de « descendants d’immigrés » n’a qu’une portée limitée : cette construction statistique regroupe des personnes n’ayant pas grand-chose à voir à part un ancêtre venu de l’étranger. On y trouve des jeunes qui viennent d’arriver en France comme des personnes âgées dont les parents ont immigré dans la première moitié du siècle. Leur lien avec l’immigration n’est pas vraiment le même. Ces données montrent surtout comment au fil du temps les populations natives et immigrées se mélangent. Pour moitié, les descendants d’immigrés ont un parent qui n’est pas issu de l’immigration. Au sein de la troisième génération immigrée âgée de 18 à 59 ans, seuls 6 % ont quatre grands-parents immigrés. Si 63 % des immigrés vivant en couple ont un conjoint issu de l’immigration, c’est seulement le cas de 15 % pour la deuxième génération.

Notes:

  1. Il ne faut pas confondre « immigré », une personne née étrangère à l’étranger, et « étranger », personne de nationalité étrangère mais qui peut être née en France.