La France pourrait compter 76,5 millions d’habitants en 2070, dix millions de plus qu’en 2016, estime l’Insee dans son exercice de projections de population. Ce scénario est dit « central » : il projette les tendances d’évolutions actuelles pour trois grands paramètres : la mortalité, la fécondité et l’immigration. Dans ce scénario, l’espérance de vie à la naissance atteindrait 90 ans pour les hommes et 93 ans pour les femmes en 2070, la fécondité resterait stable à 1,95 enfant par femme et le solde migratoire serait de 70 000 par an, différence entre 345 000 entrées et 275 000 sorties.
L’Insee a misé sur une fécondité et une espérance de vie supérieures à sa précédente prévision de 2010, qui s’étendait jusqu’en 2060. A cet horizon, l’Insee prévoyait 86 ans d’espérance de vie pour les hommes et 91 ans pour les femmes, désormais l’institut envisage pour cette même année, respectivement 89 et 92 ans.
Peut-on croire ces chiffres ? Sauf catastrophe, l’espérance de vie devrait continuer à progresser. Pour l’heure, rien n’indique que la fécondité diminue. Il ne faut pas oublier que toute une partie de la population de 2070 est déjà née1. Les incertitudes sont plus grandes en matière de solde migratoire, qui peut varier en fonction des politiques menées, de l’évolution de l’activité économique et des conflits internationaux. Les différents scénarios envisagés à partir d’hypothèses hautes et basses aboutissent à une fourchette de population comprise entre 66 et 87,1 millions de personnes.
Par définition, l’Insee ne peut prévoir l’imprévisible. Bien des événements sont possibles, d’une catastrophe sanitaire ou, à l’inverse, de l’effet de progrès scientifiques majeurs sur l’espérance de vie, d’un baby-krach à un second baby-boom, d’une fermeture hermétique des frontières à une vague migratoire comme dans les années 1960 ou sur le modèle allemand actuel.
Les différents scénarios
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L’Insee ne prétend pas être « Madame Soleil », mais ces scénarios doivent permettre d’anticiper. Prenons l’exemple du logement : si l’on opte pour l’hypothèse centrale à l’horizon 2040, la France devrait gagner 6,7 millions d’habitants. Avec deux personnes en moyenne par ménage, cela représente plus de trois millions d’habitations supplémentaires qu’il faut prévoir et qui vont transformer l’espace car il faut aussi des écoles, des hôpitaux, des routes, des commerces, etc.
A chaque projection, on met l’accent sur un phénomène majeur des prochaines années : la hausse de la part des plus de 65 ans, de 17,5 à 28 % de la population entre 2013 et 2070, pour l’essentiel liée à la progression de la part des plus de 75 ans, qui va doubler de 9 à 18 % de la population. Encore faut-il nuancer ce discours car l’âge de la vieillesse évolue avec le temps et l’allongement de la vie.
Ce qui ne signifie pas que rien ne changera : la part des personnes âgées va augmenter, d’où le débat sur l’évolution de notre système de retraite. De plus en plus de générations vont coexister, avec des enfants qui connaîtront plus souvent leurs arrières grands-parents. La question de la prise en charge des aînés2 est essentielle : se fera-t-elle par des services collectifs (à domicile ou en institution) en faisant jouer la solidarité nationale par l’impôt ? Ou devra-t-on compter sur les solidarités familiales et le secteur privé marchand ? En particulier, les femmes (principales « aidantes« ) des milieux qui n’auront pas les moyens d’avoir recours au privé devront y consacrer une part importante de leur temps.
Les pyramides des âges de 2013 et 2070
(scénario central)
Notes:
- En simplifiant, ce sont les générations nées entre 1980 et 2016. ↩
- Lire aussi notre article sur la dépendance. ↩