En 2023, on a enregistré 32 000 naissances de plus que de décès. Ce solde dit « naturel » par les démographes (différence entre les naissances et les décès, en nombre de personnes) est en chute libre depuis le milieu des années 2010, quand il atteignait 280 000 personnes. Il se situe à un niveau jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale.

La différence entre les naissances et les décès constitue le moteur « interne » de notre population, le moteur externe étant le solde migratoire (les entrées moins les sorties du territoire). Le solde naturel a presque toujours été compris entre + 200 000 et + 250 000 personnes chaque année depuis la fin des années 1970. Dans les années 1950 et 1960, il était de l’ordre de + 300 000. Son niveau actuel tient autant à la progression des décès qu’à la baisse des naissances.

Si l’on met de côté l’effet du Covid-19 et de la grippe, particulièrement virulente en 2022, la diminution du solde naturel des dernières années résulte d’abord d’une augmentation de la mortalité liée à l’effet retard du baby-boom qui provoque un « death-boom ». On vit plus longtemps, mais les premiers baby-boomers, nés à la fin des années 1940, ont pris de l’âge et décèdent1. La baisse du solde naturel est aussi le résultat d’une baisse du nombre de naissances dans les années récentes. Les couples font des enfants plus tardivement, ce qui fait baisser la fécondité conjoncturelle (voir notre définition), qui devrait remonter par la suite. On note, pour l’instant au moins, une grande stabilité de la fécondité sur le long terme.

En France, la crainte que ce solde devienne négatif est grande. La population diminuerait hors apport migratoire, comme c’est déjà le cas dans un certain nombre de pays européens. Une crainte à relativiser. Le croisement des courbes des naissances et des décès aurait un effet médiatique important parce que la population baisserait, mais il est purement symbolique. Ce solde est négatif en Allemagne depuis le début des années 1970 et le pays ne s’enfonce pas dans le déclin. Pour que la population se réduise nettement, il faudrait que la fécondité s’effondre durablement, que la situation sanitaire se détériore fortement et que l’immigration soit totalement stoppée.

La progression de la population n’est pas une fin en soi et le régime actuel conduit à une population stable sur le long terme ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle. La hausse du nombre d’habitants a aussi un impact : plus on est nombreux, plus on consomme de ressources non renouvelables2. Ce qui importe est de savoir si les couples ont les enfants qu’ils désirent. La population a toujours été alimentée par un apport extérieur sans que cela soit insurmontable.

Cela n’empêche ni d’anticiper les répercussions du vieillissement sur le régime des retraites, ni de penser qu’une population qui finirait par s’éteindre faute d’enfants n’est vraiment pas un bon signe. On en est très loin puisque la descendance finale des générations augmente même légèrement dans les années récentes : les femmes nées au milieu des années 1980 ont eu autant d’enfants à 35 ans que celles nées dans les années 1970.

Photo : Solen Feyissa / Unsplash

Notes:

  1. Dans trente ans, on aura un effet inverse, la baisse des naissances des années 1970 aura alors un impact sur le nombre des décès.
  2. Même si dans ce domaine, c’est surtout la manière de consommer qui joue.