Pour près de neuf Français sur dix, l’homosexualité est « une manière comme une autre de vivre sa sexualité », 8 % estiment que c’est une maladie et 7 % une perversion que l’on doit combattre, selon un sondage Ifop mené en juin 2019. Au milieu des années 1970, les Français étaient beaucoup plus partagés : à l’époque, 42 % voyaient l’homosexualité comme une maladie et 22 % comme une perversion. Selon l’enquête de l’Association pour la recherche sur les systèmes de valeurs (Arval) réalisée tous les dix ans, le niveau de tolérance vis-à-vis de l’homosexualité a doublé entre 1981 et 2018, l’indice passant de 3 à 6,6 (moyenne des notes allant de 1 « l’homosexualité n’est jamais justifiée » à dix « toujours justifiée »).
Les choses évoluent vite quant aux droits des couples homosexuels à élever des enfants. La part de personnes qui estiment que les couples homosexuels devraient avoir le droit d’adopter, en tant que couple (et non individuellement), a doublé depuis le milieu des années 1990, de 33 % à 67,8 % (enquêtes Ifop puis ministère des Solidarités). La proportion de la population favorable à la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes homosexuelles était d’un quart en 1990, elle est aujourd’hui de 63 % selon l’Ifop (données 2018).
L’ouverture plus grande à l’homosexualité de la société française est solide. L’ensemble des enquêtes d’opinion vont dans le même sens et confirment une évolution en profondeur des valeurs : peu importe le sexe du partenaire, pour l’immense majorité. Pour autant, il reste 15 % de Français pour qui les relations sexuelles devraient être réservées à des personnes de sexe différent, ce qui représente tout de même 7,5 millions d’adultes, souvent de générations plus anciennes. Deux fois plus sont opposés au fait que ces couples puissent adopter des enfants comme à la procréation médicalement assistée (PMA).
La tolérance affirmée dans une enquête d’opinion est une chose, la réalité quotidienne peut être différente : l’homosexualité est encore loin d’être banalisée en public, dans le cercle amical ou en famille. Pour l’année 2020, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 1 590 crimes et délits anti-LGBT, un chiffre nettement plus élevé qu’en 2016 (environ 1 000 cas). Et encore, les faits déclarés ne représentent qu’une très petite partie de l’ensemble des faits, souvent plus graves. Chaque année, environ 140 000 personnes déclarent par exemple avoir été victimes d’injures homophobes, orales ou écrites. L’homosexualité est mieux acceptée, mais elle est encore loin d’être banalisée dans la société française.