La précarité énergétique touche un ménage sur dix en France, soit plus de six millions de personnes, selon les données 2022 de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). L’organisme considère comme précaires ceux qui figurent parmi les 30 % les plus pauvres et qui consacrent plus de 8 % de leur budget à l’énergie (chauffage et éclairage notamment). Le taux de précarité énergétique a diminué en dix ans, de 13,7 % en 2010 à 10,8 % en 2022. Si l’on corrige ces données des conditions météorologiques, la baisse est moindre : le taux est passé de 12,5 % à 11,6 %. Pour l’ONPE, cette évolution est liée principalement au renouvellement du parc de logement et à l’effet des rénovations : les logements sont de mieux en mieux isolés, les équipements de chauffage plus efficaces. Entre 2013 et 2022, la consommation globale d’énergie des ménages pour leur logement est passée de 190 à 161 kwh par m2, une diminution de 15 %.
L’ONPE interroge les ménages sur les enjeux liés à l’énergie. Pas moins de 26 % disent avoir souffert du froid durant l’hiver 2022-2023, contre 14 % en 2020. Ces difficultés résultent d’une mauvaise isolation (34 %), d’une installation de chauffage insuffisante (14 %) ou d’une panne de chauffage (14 % également). 42 % indiquent des raisons financières. 31 % de la population dit avoir rencontré des difficultés dans l’année pour payer certaines factures d’énergie contre 10 % en 2013. Les jeunes de 18 à 34 ans sont les plus touchés : 55 % indiquent être concernés. En 2023, 79 % des ménages disent avoir restreint leur chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées à payer, contre 69 % l’année précédente.
En moyenne, les dépenses des ménages liées à l’énergie (chauffage et carburants) s’élèvent à 3 550 euros par an (donnée 2023). Cette dépense fluctue avec le temps : elle s’est située à son niveau le plus bas en 2020, notamment en raison des périodes de confinement qui ont réduit les déplacements. Alors que le nombre de ménages qui faisaient l’objet d’une coupure ou d’une limitation de puissance suite à un impayé de facture de gaz ou d’électricité était stable autour de 600 000 par an à la fin des années 2010, il a fortement augmenté pour atteindre un million en 2023.
La hausse des prix du gaz et de l’électricité a été en partie reportée dans le temps avec le bouclier tarifaire et amortie grâce à l’octroi de chèques énergie à 5,8 millions de ménages modestes en 2022. Le fait que le taux
de précarité énergétique n’augmente pas ne doit pas masquer l’impact de la hausse du prix de l’énergie pour les ménages, et pas seulement les plus modestes. La fin du bouclier tarifaire rend en particulier la situation très délicate pour les ménages vivant dans des logements mal isolés et pour les personnes qui ont besoin de se chauffer tout au long de la journée, notamment les personnes âgées.
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