Une rupture de tendance de société de taille se confirme de plus en plus. La taille des logements n’augmente plus depuis plus de dix ans, si l’on en croit les données de l’Insee. Le phénomène est bien difficile à déceler parce que l’institut n’a pas réalisé d’enquête sur le logement depuis… 2013 ! Mais déjà entre 2006 et 2013, la taille des logements s’était stabilisée, une première depuis le début des années 1970. Entre 1973 et 2006, la surface moyenne avait en effet progressé de 72 à 91 m2.
Une autre statistique semble confirmer cette stagnation. De 2013 à 2018, les données du recensement de la population (qui ne permet pas de connaître la surface moyenne) indiquent que le nombre de pièces par logement est resté stable. Sauf à une hausse assez improbable de la surface moyenne des pièces, on a de bonnes raisons de penser que la tendance à la stabilisation de la surface moyenne mesurée entre 2006 et 2013 continue. Les années 1970 à 1990 avaient été marquées par l’essor des logements de cinq et six pièces au détriment des studios et des deux pièces. Depuis dix ans, la composition des logements selon le nombre de pièces évolue très peu.
Cette stabilisation donne une indication très grossière, parmi d’autres, de la qualité du confort du logement. Reste que l’appareil statistique français est incapable de répondre à la question, pourtant centrale, de l’évolution des inégalités en termes de surface. La surface moyenne peut augmenter au profit des plus favorisés : dans ce cas, l’amélioration est très relative. Une étude réalisée en urgence par l’Inserm dans le cadre du confinement a montré que près de 30 % des 10 % les plus modestes disposaient de moins de 18 m2 par personne contre 5 % des 10 % les plus riches. Les jeunes, et en particulier les jeunes couples avec enfants vivant dans les grandes villes, sont ceux qui doivent supporter de vivre dans des espaces les plus étroits, et souvent de consacrer au logement une part très importante de leurs revenus.