Le rythme annuel de progression des dépenses de consommation des ménages s’est sensiblement ralenti depuis les années 1980, passant de 5 à 6 % de croissance annuelle, à une moyenne de 1 à 2 %, voire moins. Du fait de la crise sanitaire et du confinement, l’année 2020 s’est soldée par une baisse de 5,8 %, niveau jamais enregistré, suivie d’une hausse de même niveau en 2021. Ce passage à un régime de croissance modérée sur longue période ne signifie pas une stagnation de la consommation dont le niveau a continué à s’élever. Depuis la fin des années 1970 et les chocs pétroliers, le niveau de la consommation moyenne par habitant a doublé, de 15 000 à 30 000 euros par an, une fois l’inflation déduite. En moyenne, un Français dépense cinq fois plus en 2024 qu’en 1950.
Comme pour le baby-boom d’un point de vue démographique, c’est moins le rythme actuel de variation de la consommation qui est hors du commun que l’ampleur exceptionnelle de sa croissance durant les Trente Glorieuses. À l’époque, l’« American way of life » débarque et les ménages s’équipent à tour de bras en automobiles, en électroménager et se logent de mieux en mieux.
L’activité économique a fortement rebondi en 2021, suite à la dépression de 2020, mais, à long terme, le retour d’une croissance forte semble peu probable. La progression de la consommation a été de 3 % en 2022, puis de 0,8 % en 2023. Finalement, les sociétés riches sont revenues à un régime plus équilibré comparé à celui des années folles de l’après Seconde Guerre mondiale. L’évolution modérée des dépenses depuis les années 1990 est cohérente avec la progression plus lente de la population. Elle a ainsi un effet plutôt positif sur l’environnement car elle entraîne moins de pression sur les ressources non renouvelables et moins de pollution. Plus que le volume consommé, c’est la nature de ce qui l’est et sa répartition entre les ménages qui constituent désormais les enjeux les plus importants.
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