
Les Français sont entrés dans l’ère des technologies de l’information et de la communication il y a déjà un quart de siècle. Aujourd’hui, 98 % sont équipés d’un téléphone mobile et 84 % ont accès à Internet à domicile, selon le Crédoc (données 2024, pour les 12 ans et plus). La France est l’un des pays les mieux équipés au monde. Il semble qu’on assiste à un plafonnement de l’usage.
Vers la fin du téléphone fixe
La vidéo et la musique en ligne font disparaître progressivement des salons les lecteurs DVD et CD. C’est aussi le cas du téléphone fixe. Entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, le taux d’équipement en téléphone fixe avait déjà diminué de plus de dix points, de 94 % à 82 %. Il est remonté de fait de l’essor des box jusqu’au milieu des années 2010. La baisse du prix des forfaits mobiles et l’allongement de leur durée, conjugués à l’essor de la communication via les réseaux sociaux, ont conduit à une nouvelle diminution de l’équipement entre 2013 et 2024. Un quart de la population n’utilise plus le téléphone fixe. Chez les 18-24 ans, c’est même 43 %.

Tous équipés de téléphones mobiles, de moins en moins d’ordinateurs
Le téléphone mobile équipe la quasi-totalité de la population (98 %). Comme la télévision et le téléphone hier, les nouvelles technologies transforment les usages, de l’écoute de la musique aux achats, en passant par l’accès à l’information ou aux jeux. Progressivement, chacun devient connecté de plus en plus souvent, où qu’il soit. L’équipement en smartphones (91 %) progresse très rapidement, à la même vitesse que le téléphone mobile à ses débuts. L’agrandissement de la taille des écrans des téléphones a conduit à un plafonnement de l’équipement en tablettes à un niveau légèrement supérieur à 50 %. Avec des écarts importants selon les milieux : les deux tiers des hauts revenus en sont équipés, contre la moitié du bas de l’échelle.
L’équipement en ordinateur fixe chute, il n’était plus que de 61 % en 2021. Depuis la série a été modifiée et comprend désormais l’ordinateur portable. Entre 2022 et 2024, en incluant ce dernier, le taux d’équipement a plafonné à 89 %. L’ordinateur est de moins en moins utile pour l’usage le plus commun qui en est fait à la maison, la communication. L’e-mail est remplacé pour partie par les échanges via les smartphones sur les réseaux sociaux. À l’avenir, il est probable que l’ordinateur restera surtout destiné aux jeunes dans le cadre de leurs études ainsi qu’à un usage professionnel notamment en télétravail.


Les inégalités d’accès se réduisent, mais les exclus du numérique demeurent
La principale fracture face au numérique reste l’âge, mais les écarts s’amenuisent vite. 88 % des 60-69 ans se connectent désormais à Internet, 69 % des 70 ans et plus, contre respectivement 18 % et 4 % dix ans plus tôt. Le niveau de vie n’est plus un clivage majeur. La question est désormais de savoir s’il va se passer le même phénomène que pour la télévision : pour les plus diplômés, il deviendrait distingué de ne pas être connecté.
Cette situation ne doit pas masquer l’ampleur de la population exclue des nouvelles technologies. Le dixième de la population qui ne se connecte jamais représente environ six millions de personnes. Il s’agit le plus souvent de personnes âgées, dont une partie très âgée n’a pas nécessairement besoin d’être équipée, mais une autre est exclue de services dont elle pourrait bénéficier. La large diffusion de nouvelles pratiques, comme allant de soi dans notre société, rend l’intensité de l’exclusion d’autant plus forte. Ceci est d’autant plus vrai qu’une partie des démarches ne sont plus accessibles que par le biais d’Internet.
Comme pour le livre ou la télévision, l’usage reste très inégal. 27 % de la population n’a jamais fait de démarche administrative sur Internet, mais c’est le cas de 16 % des diplômés de l’enseignement supérieur contre 55 % des non-diplômés. Une partie de cet écart s’explique par un effet d’âge : les plus âgés sont aussi en moyenne moins diplômés : 45 % des 70 ans et plus n’utilisent pas Internet pour leurs démarches administratives.
Allons-nous vers un plafonnement ?
Plusieurs éléments laissent à penser que l’accès à Internet commence à atteindre ses limites. La part de personnes qui se connecte à l’Internet à domicile plafonne, légèrement au dessus de 90 %. Une partie de la population n’a pas besoin d’être connectée. Une partie le souhaiterait, mais n’en a pas les moyens ou ne sait pas comment s’y prendre. L’équipement en ordinateur et table se stabilise. Avons-nous atteint un maximum ?
Il en est de même pour les pratiques. La part des personnes qui effectuent des démarches administratives ou les achats en ligne tendent à se stabiliser depuis 2020, autour de 75 %. Il est difficile de savoir où se situent les frontières du commerce à distance et dans quelle mesure nous avons besoin et envie de voir physiquement les objets, mais aussi celui ou celle qui les vend. De même, une partie des démarches administratives ne peuvent se faire à distance. Pour les réseaux sociaux, l’évolution est difficile à cerner puisque la question a été modifiée en 2023, mais leur utilisation avait peu évolué entre 2017 et 2022.



Photo : Nizlican Boztas / Unsplash