Les Français boivent moins, mais l’alcool tue 40 000 personnes par an

Les Français boivent de moins en moins d’alcool. Entre 1970 et 2023, la consommation d’alcool pur¹ est passée de 21,6 à 10,4 litres par habitant et par an, selon l’Insee et l’OFDT. La part de ceux qui déclarent boire au moins un verre tous les jours a été divisée par trois entre 1992 et 2021, de 24 % à 8 %, selon Santé publique France. Chez les femmes, elle est tombée en dessous de 4 %.

Cette évolution est due en partie à la réduction de la consommation de vin qui représente la moitié des ventes de boissons alcoolisées. Mais de nombreux facteurs se conjuguent pour expliquer la moindre consommation d’alcool : déclin de l’univers ouvrier, attention au corps plus importante, amélioration de l’éducation à la santé et de la prévention, sanctions accrues des conducteurs, interdiction depuis 2014 de consommer de l’alcool sur le lieu de travail, etc.

Cette amélioration mérite d’être nuancée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’alcool tue toujours plus de 40 000 personnes chaque année, selon Santé publique France. Environ 700 personnes décèdent dans un accident de la route avec une alcoolémie positive. Au total, 11 % des décès des hommes et 4 % des femmes seraient liés à l’alcool. Chez les 35-64 ans, il représente 15 % des décès. Après le tabagisme, il est la deuxième cause de mortalité évitable en France. La baisse de la consommation d’alcool est plus lente depuis le milieu des années 2000, comme si l’on atteignait un plancher.

La France reste l’un des pays d’Europe où l’on boit le plus. Certes, avec 9,9 % de consommateurs quotidiens (données Eurostat, 2019) nous faisons bien mieux que le Portugal où cette proportion atteint 20,7 %. En revanche, dans certains pays, comme la Norvège, la Pologne ou la Suède, elle se situe en dessous de 2 %. On ne peut que constater qu’en France, pays où la production d’alcool représente un secteur économique considérable, les messages de prévention dans ce domaine sont sans rapport avec ceux mis en place sur le tabac, bien plus dissuasifs. La santé publique n’est pas toujours une priorité.

Photo / © Jean / Unsplash