La scolarisation des jeunes enfants a nettement progressé dans les années 1960. Le taux de scolarisation des enfants de trois ans est ainsi passé de 60 % à 90 % entre 1970 et 1980, selon le ministère de l’Éducation. Depuis 1990, tous les enfants de trois et quatre ans ou presque sont scolarisés. Pour les enfants de deux ans, l’évolution est différente. Entre 1970 et 1980 leur taux de scolarisation a doublé, de 18 % à 36 %. Il est resté stable ensuite jusqu’aux années 2000, mais il a diminué très nettement pour revenir à un niveau très faible de 12 % en 2011, inférieur à celui des années 1960. Depuis, il n’évolue guère. Cette baisse représente une économie budgétaire conséquente : si l’on appliquait le taux de scolarisation des années 1980-1990 aux moins de deux ans, il y aurait 160 000 enfants de plus à l’école maternelle. L’équivalent d’une économie d’environ un milliard d’euros par an pour l’État et, inversement, un coût pour les familles qui doivent financer leur prise en charge1.

Faut-il scolariser les plus petits, et à partir de quel âge ? Entre deux et trois ans, énormément de choses changent dans le développement de l’enfant. Entre deux ans et deux ans et demi, les enfants peuvent avoir un niveau d’autonomie très différent, et deux enfants du même âge peuvent avoir des acquis très inégaux. Comme l’indique le ministère « La scolarisation d’un enfant avant ses trois ans est une chance pour lui et sa famille lorsqu’elle correspond à ses besoins et se déroule dans des conditions adaptées »2. « La solarisation des enfants de moins de trois ans nécessite un local adapté, ou une adaptation des locaux et un équipement en matériel spécifique, définis en accord avec la collectivité compétente. ».

Encore faudrait-il pouvoir disposer de ces « conditions adaptées » et d’enseignants formés à l’accueil des tout-petits en nombre suffisant. L’effet de la taille des classes sur le niveau scolaire joue un rôle déterminant en matière de conditions d’accueil, et on sait qu’en France le nombre d’enfants par classe est plus importante que dans la plupart des autres pays. Depuis 2012, la taille des classes tend à diminuer, de presque 25 élèves en moyenne à 21,5 en 2024. Une évolution qui résulte pour partie de la baisse des naissances entamée en 2010 et de la politique de forte diminution de la taille des classes dans l’éducation prioritaire (les quartiers les plus défavorisés). Mais les moyennes sont en partie trompeuses : hors éducation prioritaire, la taille des classes de maternelle n’a diminué que de 25,5 à 23,3 élèves.

Enfin, pour ceux qui ne sont pas scolarisés, le manque de solutions d’accueil collectives est criant. Plus de la moitié des moins de trois ans n’en disposent pas. Plus de la moitié des parents gardent leurs enfants à domicile, alors que ce mode de garde n’est le premier choix que pour un tiers d’entre eux. Faute de solutions, une part des femmes persiste à ne pas avoir accès au marché du travail ou doit se contenter d’emplois à temps partiel.

Photo : Ericka Fletcher / Unsplash

Notes:

  1. Mais il est vrai qu’une partie des frais de garde sont aussi pris en charge par la collectivité autrement
  2. Circulaire n° 2012-202 du 18 décembre 2012.