Le taux de pauvreté des actifs – uniquement ceux qui travaillent ou recherchent un emploi – est de 5,5 % en 2022, ce qui représente 1,6 million de personnes. Ce chiffre masque de profondes disparités selon les milieux sociaux. Le taux est particulièrement élevé (15,2 %) chez les non-salariés : agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprise. Une part des indépendants – par exemple ceux qui travaillent à la tâche pour des plateformes numériques – ne retire que de maigres revenus de son travail. Attention tout de même : ces données ne sont pas totalement comparables avec celles des salariés car la notion de revenu n’est pas identique.

Sur 1,6 million de personnes pauvres (au seuil de 50 %), 900 000 sont ouvriers ou employés, avec des taux de pauvreté respectifs de 7,3 % et 6,4 %. Il peut s’agir de chômeurs faiblement indemnisés, de personnes qui occupent des emplois à temps très partiel, ou très précaires. À l’intérieur de ces catégories, les taux de pauvreté varient fortement : les employés et ouvriers peu qualifiés sont beaucoup plus touchés.

Une personne pauvre sur cinq appartient à la catégorie des professions intermédiaires ou de cadres supérieurs, soit un peu plus de 300 000 individus. Les taux de pauvreté y sont très faibles, respectivement 3 % et 2 %. Comment peut-on être cadre mais avoir un niveau de vie inférieur à 1 000 euros, le seuil de pauvreté ? Il peut s’agir, par exemple, de jeunes diplômés employés en temps très partiel. Cela peut aussi être le cas de familles : ces données prennent en compte l’ensemble des revenus du ménage et pour un couple avec deux enfants en bas âge, le seuil de pauvreté à 50 % est de 2 000 euros après impôts et prestations sociales. Un ménage composé d’un cadre au chômage d’une personne inactive et de deux jeunes enfants peut être dans cette situation.

La pauvreté ne frappe pas les Français au hasard. Les moins qualifiés sont aux premières loges, souvent dans des situations les plus durables. La tension est grande pour ces actifs qui travaillent ou recherchent un emploi mais qui n’arrivent pas à sortir de la pauvreté. Il s’agit notamment de celles et ceux qui ont été marqués par un échec scolaire. Même si c’est beaucoup moins fréquent, les classes moyennes et supérieures ne sont pas totalement épargnées. Leurs possibilités d’accéder à un niveau de vie meilleur sont sans doute plus grandes, mais pour elles le sentiment de déclassement, de ne pas occuper la place à laquelle leurs qualifications devraient les amener, peut être très important.

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