Entre 1,5 million (si on utilise le seuil à 50 % du niveau de vie médian) et 2,7 millions (au seuil à 60 %) d’enfants vivent dans une famille aux très faibles revenus. 1. Un enfant sur dix dans le premier cas, un sur cinq dans le second. Ce qui est loin d’être négligeable.

Pourquoi autant d’enfants sont concernés ? Des données de l’Insee permettent d’y voir un peu plus clair en conjuguant le type de famille et l’activité des parents. La première cause est le fait d’être élevé par un adulte seul, le plus souvent sa mère. Si on utilise le seuil de pauvreté à 60 % (le seul disponible pour étudier le niveau de vie des enfants), 40 % des enfants de famille monoparentale vivent dans la pauvreté, contre 15 % des enfants élevés au sein d’un couple. Mais une faible partie des enfants vivent dans une famille monoparentale. Si l’on observe non pas la proportion d’enfants vivant dans la pauvreté selon le type de famille mais leur répartition, près de 60 % vivent au sein d’un couple et un gros tiers dans une famille monoparentale. Un peu moins de 5 % ne sont pas élevés par leurs parents.

La deuxième cause, c’est la précarité, les bas salaires et le chômage des parents. Le phénomène est massif : environ 70 % des enfants élevés par des parents au chômage ou inactifs (souvent des mères qui ont décroché au vu des conditions d’emploi qu’on leur propose) vivent dans la pauvreté. Près de la moitié des enfants concernés n’ont aucun parent qui a un emploi. Plus du quart ont un parent qui exerce une activité professionnelle et un autre inactif ou au en recherche d’emploi. Moins de 10 % des enfants vivant dans la pauvreté ont deux parents qui travaillent. Les données de l’Insee ne permettent pas d’entrer dans le détail mais il est fort probable que parmi ces derniers, une partie non négligeable a un parent qui n’occupe qu’un emploi en temps partiel mal rémunéré.

Les enfants dont les parents ont de faibles ressources mènent une vie différente des autres, notamment en termes de conditions de logement, mais aussi d’accès aux sorties, aux loisirs, etc. Comment faire pour améliorer leur sort ? On ne reviendra pas sur la liberté des couples de se séparer, qui constitue – notamment pour les femmes – un progrès social majeur, même s’il se paie cher en terme de niveau de vie. C’est donc sur la précarité, le chômage, les bas salaires et le temps partiel subi des parents (notamment des mères) qu’il faudrait agir.

 

Notes:

  1. Il ne sont pas pauvres, seuls leurs parents le sont, comme le note l’Observatoire des inégalités, voir l’article.