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Trois ans après leur sortie du système scolaire, la moitié des jeunes sans diplôme étaient au chômage en 2016 contre un quart en 2001, selon une étude du Céreq1. Chômage, statut d’emploi, salaires : tous les indicateurs sont au rouge pour les moins qualifiés2. Hormis une petite minorité, l’ensemble de la jeunesse subit des difficultés d’insertion dans l’emploi, mais l’ampleur de ces difficulté n’a rien à voir selon la place dans la hiérarchie des diplômes (lire notre article). La part des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur au chômage trois ans après leur sortie du système éducatif est passée de 5 à 10 % entre 2001 et 2016.

Les inégalités sont tout autant marquées dans l’accès à l’emploi durable. La part de jeunes en contrat à durée indéterminée trois ans après leur sortie de l’école s’est dégradée dès 2007 pour les non-diplômés et par la suite pour les autres catégories. Entre 2001 et 2016, la part de jeunes sans diplôme qui disposaient d’un emploi stable trois ans après leurs études est passé de la moitié à un tiers. Les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ont vu leur taux d’emploi stable baisser dans une proportion bien moindre, de 77 % à 72 %. Des données confirmées par celles de l’Insee sur l’emploi précaire des jeunes sortis récemment (entre un et quatre ans) de formation initiale : entre 2012 et 2015 la part de jeunes non diplômés en emploi précaire est passée de 46 % à 67 % alors que celle des diplômés de l’enseignement supérieur est restée stable au cours de la période à 27 %.

Le sort des générations récentes est moins favorable que celui des précédentes, mais la jeunesse reste composée d’individus aux situations sociales hétérogènes. La vie des jeunes qui ne disposent pas de titre scolaire est sans comparaison avec celle de ceux qui en ont un, qu’il s’agisse de consommation, de capacité à louer un logement, de départs en congés, etc. Une partie des diplômés subit des formes de déclassement, mais le sort des « non-classés », le plus souvent issus de milieux populaires, est beaucoup moins médiatisé alors qu’il est beaucoup plus préoccupant.

La lente reprise de l’activité économique et l’amélioration récente sur le marché du travail peuvent-elles modifier cette situation ? Entre 2013 et 2016 (donc pour les jeunes ayant quitté l’école en 2010 et 2013), le taux de chômage s’est stabilisé et a même légèrement diminué pour certaines catégories de diplômes (CAP et BEP, ainsi que Bac général). En revanche, la précarité a continué à progresser. Il est vrai que lors des phases de reprise, on embauche d’abord sous forme de contrats courts. Les choses pourraient évoluer plus favorablement à l’avenir, mais il faudrait une croissance beaucoup plus soutenue pour avoir un impact sur la situation des non-qualifiés.

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Notes:

  1. « CAP-BEP : des difficultés d’insertion encore aggravées par la crise », Bref n°335, Céreq, mai 2015 et « Pas d’amélioration de l’insertion professionnelle pour les non-diplômés », Bref n°356, juin 2017.
  2. Ces données  méritent d’être complétées par une analyse plus détaillée : certaines formations courtes et spécialisées (comme la santé par exemple) peuvent déboucher sur des niveaux d’insertion satisfaisants alors qu’une partie des formations longues très généralistes se monnaient plus difficilement.