Le taux de chômage des jeunes (25 % au troisième trimestre 2013), est trois fois supérieur à celui des plus de cinquante ans (8 %), selon les données de l’Insee. Mais on a enregistré une forte hausse du nombre de chômeurs âgés ces dernières années.
Pour les plus jeunes, la situation de l’emploi s’est nettement dégradée en 2008. Le taux de chômage, qui atteignait déjà 17 %, est propulsé à 23,5 % l’année suivante. En un an, 200 000 jeunes de plus se sont retrouvés sur le carreau. La progression du nombre de demandeurs d’emploi chez les 25-49 ans est plus régulière, avec un taux qui passe de 6,4 à 9,5 % entre 2008 et le troisième trimestre 2013. Entre début 2008 et le troisième trimestre 2013, le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a été multiplié par deux, de 310 à 630 000, selon les données de l’Insee. Leur taux de chômage a grimpé de 4,7 à 8 %, niveau inconnu jusqu’à présent.
L’explosion du chômage des jeunes est ancienne. Elle date des années 1980. En 1984, on enregistre déjà un taux de 24 % chez les moins de 25 ans (voir notre article). Depuis, ce taux fluctue en fonction du cycle économique, entre 15 et 25 %. D’une certaine façon, pour les jeunes, c’est comme si le mal était déjà fait : le chômage est massif, mais ce n’est pas nouveau… La majorité des jeunes peu qualifiés savent qu’ils passeront par le chômage et la précarité (dont le taux atteint 50 % en moyenne) avant de pouvoir s’intégrer dans la vie professionnelle. Chez les plus âgés, la montée du chômage a été lente du milieu des années 1970 jusqu’au milieu des années 1990. Depuis le phénomène semblait relativement stabilisé. Dans les tranches d’âges les plus élevés, le chômage a des conséquences désastreuses en termes de niveaux de vie. Surtout, il s’agit souvent d’un processus dont il est plus difficile de se défaire : la durée du chômage des plus de 50 ans est très supérieure à celle des plus jeunes1. Passé un certain âge, il devient plus complexe de retrouver un emploi.
Au bout du compte, on assiste à une conjonction de deux phénomènes. Un socle très élevé de jeunes au chômage, mais dans une dynamique réversible. Un niveau plus faible chez les aînés, mais en progression, et dans des situations plus durables. De la même façon que le chômage frappe de plus en plus les hommes et progresse aussi dans les catégories relativement épargnées, on a, sans nul doute, le signe d’un mouvement de fond.
Notes:
- Lire l’article de l’Observatoire des inégalités. ↩