En 2018, 0,7 % des femmes déclarent avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint et 0,6 % de violences à caractère sexuel hors du cadre conjugal, selon l’enquête réalisée auprès de la population par le ministère de l’Intérieur1. Par ailleurs, 6 % d’entre elles indiquent avoir subi des injures en raison de leur sexe hors du cadre conjugal. Selon les cas, les femmes constituent entre 67 % et 90 % des victimes d’atteintes sexistes.

Rapportée à la population totale, la part de femmes victimes peut paraitre modeste. Encore faut-il bien mesurer ce que cela signifie. En 2018, pas moins de 135 00 femmes déclarent avoir été victimes de violences sexuelles hors du cadre conjugal. 172 000 d’entre elles disent avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint. Et 1,4 million de femmes indiquent avoir été insultées. Le phénomène est loin d’être anodin.

Seule une petite partie de ces faits sont signalés à la police ou la gendarmerie. Au total, les forces de l’ordre ont enregistré près de 200 000 infractions à caractère sexiste concernant des femmes en 2020. On compte 18 000 viols et 23 000 agressions sexuelles hors du cadre conjugal, ainsi que près de 100 000 cas de violences conjugales dont 3 800 de cas très graves, ayant entraîné une interruption de travail supérieure à huit jours.

L’évolution du phénomène est difficile à mesurer tant il est lié aux transformations des pratiques des forces de l’ordre et à la propension des femmes à déclarer ces faits. Tout de même, le nombre de violences conjugales enregistrées au cours d’une année (certaines ont été commises antérieurement) a quasiment doublé entre 2016 et 2021, de 114 000 à 207 000 selon le ministère de l’Intérieur2. Le nombre de victimes de crimes et délits à caractère sexuel hors cadre familial (plus de 80 % sont des femmes) est passé de 40 700 en 2016 à 71 800 en 20213.

Historiquement, les violences sexistes ont longtemps été en grande partie tues, quand elles n’étaient pas considérées comme « normales » par certains. L’homme pouvait disposer de sa femme comme de ses enfants, selon son bon vouloir, quitte à utiliser la violence. À partir des années 1960, la place des femmes change. D’une manière générale, nos sociétés tolèrent de moins en moins les violences. La parole se libère et les campagnes de sensibilisation sur le sujet portent leurs effets aussi. Cette tendance positive ne doit pas masquer l’ampleur du chemin à parcourir : selon le ministère de l’Intérieur, seulement 12 % à 16 % des faits de violences à caractère sexiste sont suivis de plaintes auprès des forces de l’ordre.

Photo : Eutah Mizushima / Unsplash

Notes:

  1. « Les victimes du sexisme en France », Interstats analyse n° 40, min. de l’Intérieur janvier 2022.
  2. « Les violences conjugales enregistrées par les services de sécurité en 2021 », Interstats analyse n° 53, min. de l’Intérieur, décembre 2022.
  3. « Les violences sexuelles hors cadre familial », Interstats analyse n° 52, min. de l’Intérieur, novembre 2022.