Quel est le poids de l'insécurité alimentaire en France ? On ne dispose que de peu d’éléments pour répondre à la question. 3,9 millions de personnes, environ 6 % de la population totale, utilisent les services de l’aide alimentaire (banques alimentaires, restau du coeur, etc.), selon le ministère de l’Agriculture1. Ce chiffre qui ne rassemble pas l'ensemble de la population en situation d'insécurité alimentaire, qui ne recoure pas nécessairement à ces services. En tous cas, le nombre de ceux qui le font a nettement augmenté depuis 2008 : à l'époque 2,8 millions de personnes étaient concernées. Une donnée à utiliser avec précaution : sa progression peut signifier que les réseaux de distribution sont mieux organisés et que l'on ose davantage s'y rendre.
Selon les données 2012 de l’enquête sur les conditions de vie des ménages de l’Insee, 3,3 % de la population n’avait pas pris de repas durant une journée entière au cours des deux dernières semaines. 7,5 % n’avaient pas les moyens de manger de la viande tous les deux jours. Ces chiffres ont assez peu évolué depuis le début des années 2000.
Une étude plus ancienne (2005-2007), menée par l’Agence nationale de la sécurité alimentaire (Anses, étude Inca2) évaluait à 12,2 % la part de la population en situation "d’insécurité alimentaire", définie comme la population qui déclare ne pas avoir assez à manger, "souvent" ou "parfois", ou "ne pas pouvoir manger tous les aliments qu’elle souhaite pour des raisons financières". Seul 0,9 % de la population indique uniquement ne pas avoir assez à manger, "souvent" ou "parfois".
Insécurité alimentaire et pauvreté ne se recouvrent pas totalement, indique un rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et l’exclusion sociale2 réalisé à partir des données de l’étude Inca2. Il s’agit d’une population plus souvent féminine et célibataire, avec de bas revenus, mais qui ne figure pas forcément parmi les plus pauvres, connaissant de fortes contraintes financières.
L’insécurité alimentaire est la conjonction d'un grand nombre de paramètres. La part de personnes qui manque de nourriture dans notre pays reste très réduite, notamment du fait de la mobilisation de réseaux associatifs. Ceci dit 0,9 % de la population qui souffre « souvent ou parfois » de la faim, représente tout de même environ 600 000 personnes. Une proportion beaucoup plus importante de la population n’a pas les moyens de manger les aliments qu’elle souhaiterait, notamment des fruits, des légumes et du poisson. Parfois moins par son niveau de revenu absolu que par les contraintes financières qu’elle rencontre, en matière de logement par exemple. L'aide alimentaire compense pour partie des difficultés rencontrées dans d'autres domaines. Des facteurs socio-culturels jouent aussi : l’alimentation est en partie déterminée par les normes et habitudes du milieu social, l’attention à la relation entre alimentation et santé par exemple.
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