Environ 40 % des plus de 18 ans disent avoir une activité bénévole : 36 % selon l’enquête menée en 2022 par France Bénévolat de 2022 et 43 % pour celle de 2017 du Laboratoire d’économie et de management de Nantes-Atlantique et du Centre de recherche sur les associations de 20171. On compterait pas moins de 20 millions de bénévoles au total dans notre pays. L’enquête du Centre de recherche sur les associations avait fait apparaître une nette augmentation du bénévolat en 2017 et celle de France Bénévolat pour 2022 indique plutôt une stabilisation. Contrairement aux craintes exprimées, la crise sanitaire n’a pas entraîné une chute de l’engagement, même si l’enquête de France Bénévolat indique une nette diminution chez les 65 ans et plus (de 36 % en 2010 à 26 % en 2022).

Social, sport, culture, logement… l’engagement bénévole rassemble une multitude de domaines. L’enquête du Centre de recherche sur les associations a fait apparaître un fort développement de l’investissement dans l’action sociale et caritative dont le taux de participation est passé 3,7 % à 11,5 % de la population entre 2002 et 2017. « Ce secteur « social-caritatif » se maintient malgré les restrictions sur les visites aux personnes fragiles », indique l’enquête France Bénévolat pour 2022. La progression est aussi notable pour le domaine des loisirs, dont le taux a été multiplié par deux, de 5 % à 10 %, au cours de la même période. Mais le premier domaine reste la défense des droits, de causes ou d’intérêt spécifique (défense des consommateurs, environnement, logement, etc.) avec 13,2 % en 2017, lui aussi en progression (10,4 % en 2002).

France Bénévolat donne des éléments sur les raisons de l’engagement ou du désengagement en 2022. Deux principales raisons conduisent à l’abandon du bénévolat : le manque de temps et un changement de situation (un déménagement par exemple), cités par un tiers des personnes interrogées2. La pandémie est citée par près d’un quart des sondés, ce qui signifie qu’elle a eu un impact non négligeable. Tout de même, un cinquième des ex-bénévoles se disent déçus par rapport à l’association dans laquelle ils étaient engagés. Logiquement, la première raison qui pourrait conduire de nouveau au bénévolat serait davantage de temps libre pour un tiers des personnes interrogées. On notera que l’effet de la crise sanitaire n’est pas dissipé : pour plus d’un quart des sondés, la fin de la pandémie pourrait conduire à un nouvel engagement.

Les données sur le bénévolat doivent être interprétées avec beaucoup de prudence, comme le souligne Lionel Prouteau, auteur de l’enquête du Centre de recherche sur les associations : « Peut-on appeler du même nom de bénévole le participant qui donne cinq heures par an, très ponctuellement, et celui qui consacre cinq heures par semaine pendant toute l’année à ses activités volontaires non rémunérées ? ». L’activité bénévole reflète des investissements très différents : 52 % des personnes déclarent ainsi une participation « occasionnelle » dans l’enquête du Centre de recherche sur les associations. La durée moyenne effectuée par un bénévole est d’une centaine d’heures par an, mais la moitié des bénévoles s’investissent moins de 45 heures. Un tiers des bénévoles réalisent près des 80 % de l’ensemble du travail bénévole, souligne l’étude.

Rien n’indique que le bénévolat soit devenu plus volatil ou éphémère qu’avant comme on le lit souvent : « le bénévolat « post-it » est une réalité, mais il n’est pas hégémonique », remarque Lionel Prouteau : pas moins de 45 % des participants ont au moins cinq années d’ancienneté d’engagement et plus d’un quart au minimum dix ans. L’enquête de France Bénévolat fait apparaître une hausse de l’investissement des plus jeunes. Pour ces derniers, il est assez normal qu’ils s’investissent d’abord dans des formes de bénévolat occasionnel (qui augmente de 20 % en 2010 à 31 % en 2022 selon France bénévolat) avant de se traduire en investissement durable. « L’allongement de la jeunesse entraîne logiquement des formes plus volatiles de bénévolat, mais cela ne veut pas dire que le bénévolat régulier régresse de manière structurelle », estime Lionel Prouteau.

Qu’il s’agisse de mouvements politiques comme de l’investissement dans les associations, l’autonomie croissante des individus dans notre société, liée notamment à l’élévation du niveau de diplôme, n’implique nullement une diminution de l’engagement collectif. On confond souvent la transformation des modes de participation, qui a pour conséquence l’apparition de nouvelles formes de bénévolat et la disparition d’autres, et le déclin de cet engagement. L’enquête du Centre de recherche sur les associations a fait apparaître un fort développement de l’investissement dans l’action sociale et caritative. « Ce secteur  » social-caritatif  » se maintient malgré les restrictions sur les visites aux personnes fragiles », indique l’enquête France Bénévolat. L’absence de prise en compte par les pouvoirs publics de certains besoins entraîne de nouvelles formes de mobilisations collectives très variées, du soutien aux plus démunis, aux étrangers ou à la défense de l’environnement par exemple.

Notes:

  1. Voir Bénévolat et bénévoles en France en 2017, rapport de recherche, Lionel Prouteau, enquête CRA-CSA 2017, octobre 2018. L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France de 2010 à 2022, France Bénévolat-Ifop, janvier 2022. Attention : les deux enquêtes, établies avec des questionnaires différents, ne sont pas totalement comparables, les chiffres sont des ordres de grandeur. Pour en savoir plus lire cet article.
  2. Plusieurs réponses possibles.