Inconnus du grand public il y a quelques années, les indicateurs de l’enquête « Pisa » menée par l’OCDE tous les trois ans sont désormais largement diffusés. Il s’agit d’une évaluation des élèves âgés de 15 ans dans trois domaines : les mathématiques, la compréhension de l’écrit et les sciences. L'organisation vient d'en publier les données pour l'année 2012.

La France se situe plutôt dans la moyenne pour ce qui est du niveau global dans les trois disciplines. Mais mesurer les « performances » comparées d’un jeune chinois, d’un belge et d’un grec n’est pas simple. L'OCDE n’évalue qu’une partie des compétences : Pisa ne dit rien de la maîtrise de la langue, des langues étrangères, de l’histoire et de la géographie ou des arts plastiques par exemple. Les pays ne sont pas comparables du fait de leur taille (certains comme l’Islande ou le Luxembourg ont la taille d’une grande ville), de leur niveau de développement (Mexique ou Turquie par exemple) ou de leur population (part de cadres, d'immigrés, de chômeurs, etc.). La France a deux spécificités. Le redoublement, qui n'existe pas dans la plupart des pays : une partie des jeunes de 15 ans sont encore au collège, d’autres en seconde. Les jeunes Français sont très utilitaristes et n’accordent pas une grande attention à ce type d’exercice qui ne « compte pas » pour la moyenne…

La compétence globale n’a qu’un intérêt réduit et les classements en fonction du rang précis des pays notamment ne sont pas significatifs compte tenu de l'imprécision statistique. En revanche, l’enquête donne quelques pistes intéressantes concernant la structure des systèmes éducatifs. Par exemple, la répartition des élèves dans chaque pays en fonction de leur niveau. Les jeunes sont classés en six groupes.  Si l’on ne considère que les 20 pays de taille et de niveau de développement équivalents, la France apparaît comme l’un de ceux où la part des élèves de faible niveau (avant le niveau 2) est la plus grande (autour de 19 %) pour ce qui est de la compréhension de l’écrit par exemple1. La Suède, la Grèce et l’Italie sont les moins bien classés. En Corée, au Japon, au Canada et en Finlande, cette proportion est deux fois moins grande, entre 8 et 11 %. Notre système a une part plus importante que les autres d’élèves qui n’arrivent pas à suivre. En revanche, si l’on ne considère que les très bons élèves (niveau 6), la France arrive en seconde position de notre classement avec 2,3 %, juste après le Japon. Pisa illustre une caractéristique connue de longue date du système éducatif français. Plutôt que d’élever un niveau d’ensemble en cherchant à ne laisser aucun élève au bord de la route, il tire vers le haut une petite proportion de jeunes (« l’élitisme républicain »).

Cette situation ancienne est la conséquence de l’organisation d’ensemble du système éducatif : évaluations très fréquentes, accent mis sur les disciplines académiques, faible valorisation des élèves, enseignement très formel et théorique, etc. Pisa montre que ce système donne un avantage très grand aux élèves issus des milieux les plus favorisés. Si l’on classe les pays par la part du score expliquée par les facteurs sociaux-économiques (niveau de diplôme des parents, nombre de livres à la maison, etc.) en mathématiques, la France est le pays où ces éléments jouent le plus. Ils expliquent 30 % de la variation de l'écart, contre 20 % en moyenne et 13,7 % au Japon par exemple. Là aussi, il faut être prudent car les élèves interrogés ne connaissent pas toujours précisément la profession de leurs parents, et les nomenclatures socioprofessionnelles diffèrent selon les pays.

 

Pour en savoir plus :

Le site de l'OCDE sur Pisa

Nos tableaux.

 

 

 

 

Notes:

  1. Là aussi il s’agit d’ordre de grandeur car certains élèves (immigrés récents, déficients mentaux notamment) ne sont pas pris en compte à des degrés différents selon les pays