L’outil le plus souvent utilisé dans le débat public sur les inégalités de revenus est le rapport interdécile. Un « décile » (lire notre définition) est la valeur qui sépare une tranche de 10 % d’une autre. Le rapport interdécile divise le neuvième décile (niveau de vie qui sépare les 90 % qui touchent le moins des 10 % qui touchent le plus) par le premier décile (niveau de vie qui sépare les 10 % les plus pauvres des 90 % restants). Il mesure donc combien de fois les plus riches reçoivent ce dont les pauvres disposent comme revenus. On peut aussi utiliser ce que l’on appelle l’écart interdécile, soit la différence en euros entre le 9e décile et le 1er décile. On observe alors combien les plus aisés touchent de plus en euros que les plus pauvres. Dans le premier cas on mesure des inégalités relatives, dans le second des inégalités absolues.
Rapport et écart interdéciles restent des indicateurs assez sommaires. En particulier, ils sont insensibles à ce qui se passe aux extrémités de la hiérarchie. Si le 1 % le plus riches est le seul à s’enrichir, le rapport et l’écart interdécile ne changent pas, car il ne se passe rien au niveau de la limite plus basse des 10 % les plus riches. Pourtant, on ne peut pas dire que les inégalités n’évoluent pas.
Pour corriger cela, on utilise des indicateurs plus complexes, dits « synthétiques » car ils font une synthèse de l’information sur la répartition des revenus. Le plus connu est l’indice de Gini, qui compare la répartition des revenus à une situation d’égalité parfaite. Plus il est proche de zéro, plus on s’approche de l’égalité. Plus cet indice est proche de un, plus on est proche de l’inégalité totale. On utilise de plus en plus un autre indicateur, plus compréhensible le ratio dit « de Palma » qui rapporte la masse annuelle des revenus allant aux 10 % les plus favorisés à celle qui va aux 40 % les moins favorisés.