Trois indicateurs principaux permettent de mesurer la fécondité. L’outil le plus rudimentaire est le taux de natalité. Il rapporte le nombre d’enfants nés une année donnée à la population totale. Il a l’avantage d’être simple à calculer, mais l’inconvénient de ne pas tenir compte de la répartition par âge. Le taux de natalité d’une population très jeune ou très âgée est logiquement plus faible parce que l’on comptabilise des enfants et des personnes âgées au dénominateur. On utilise donc cet indicateur pour des comparaisons générales entre pays, surtout au niveau mondial ou sur une longue période quand on ne connaît pas la répartition des naissances par âge des mères.
L’outil le plus souvent utilisé dans le débat public est l’indicateur conjoncturel de fécondité. Il rapporte, âge par âge, l’ensemble des naissances d’une année au nombre de femmes dans la population en âge d’avoir des enfants. C’est une fécondité moyenne, à un moment donné, toutes générations confondues. C’est aussi le nombre d’enfants qu’aurait une femme si, toute sa vie, elle connaissait les conditions de fécondité du moment de la mesure. C’est donc un indicateur « fictif »1. L’indicateur conjoncturel est une photographie, il ne permet pas de comprendre les évolutions de fond car le calendrier des naissances change. Si les couples décident de décaler leurs naissances (de faire le même nombre d’enfants mais plus tard), l’indicateur baisse dans un premier temps, puis il remonte aux âges plus élevés : c’est exactement ce qui s’est passé dans les années 1980-1990 en France. On appelle ce phénomène, l’effet de calendrier.
Pour analyser les évolutions durables de la fécondité, dans le temps long, il faut utiliser la descendance finale qui mesure le nombre d’enfants que les femmes ont vraiment eu à la fin de leur vie féconde. Alors que l’indicateur conjoncturel est une photo, cette descendance est en quelque sorte le film de la vie des femmes : il retrace leur histoire de mère. L’avantage de la descendance finale est qu’elle ne varie pas selon la conjoncture du moment, mais son inconvénient – qui n’est pas mince – est qu’il faut attendre longtemps pour la mesurer. En 2024, on sait à peu près combien d’enfants auront les femmes nées jusqu’à la fin des années 1980. Pour les générations suivantes, rien n’est déterminé.
L’immense majorité des commentaires portent sur la fécondité conjoncturelle. Cela permet de considérer les effets récents, mais cela exagère les évolutions de fond et parfois amène à des conclusions trop hâtives et trompeuses. Une baisse de la fécondité à un moment donné n’implique pas toujours une diminution au bout du compte.
Notes:
- De la même façon que l’espérance de vie : c’est l’espérance du nombre d’enfants, en fonction de la fécondité actuelle. ↩