152 000 divorces avaient été enregistrés en France en 2005, l’année record en la matière. En 2014, le chiffre a chuté à 120 000, une baisse de 23 %. Rapporté à la population des couples mariés, le phénomène est tout aussi net : le taux de divorce pour 1000 couples est passé de 12,4 pour 1000 en 2005 à 10,3 en 2013. En fait, la poussée du divorce a eu lieu à partir du début des années 1970 et jusqu’au milieu des années 1990 : le taux de divorce triple alors, de 3 à 9 pour 1000. Après cette date, l’évolution est beaucoup moins claire.
Si l’on divorce moins, c’est d’abord que l’on se marie moins : la part de l’union libre ne cesse de progresser. Par ailleurs, ceux qui se marient le font plus tard et plus souvent après avoir vécu ensemble. Les couples mariés sont davantage "triés" au départ. On divorce moins, mais on se sépare aussi davantage. Le nombre de divorces et de ruptures de Pacs additionnés (les ruptures d’unions officielles) est passé de 145 000 en 2006 à 177 000 en 2013. Des données à interpréter avec prudence, car une partie de ces couples mettent fin au Pacs pour se marier.
Surtout, on connaît très mal les ruptures d’union libre, qui, par définition, ne sont pas déclarées1. Pour en savoir plus, l’Insee a réalisé entre 2013 et 2014 une étude sur l’ensemble de la population : les couples sont ceux qui répondent vivre en couple ou avoir une « relation amoureuse importante qui donne ou a donné lieu à une cohabitation ». Selon cette définition2 253 000 couples formés de personnes âgées de 25 à 45 ans se sont rompus en moyenne annuelle entre 2009 et 2012, contre 155 000 entre 1993 et 1996. L’augmentation est nette. Les premières unions sont de plus en plus fragiles : 40 % des personnes nées entre 1978 et 1987 ont eu une première union qui a duré moins de 10 ans, contre 16 % de celles nées entre 1948 et 1967.
Vers un nouveau modèle ?
La baisse nombre du nombre de divorce n’est-elle signe de rien ? Un tiers des personnes mariées en 1980 (nées environ au milieu des années 1950) avaient divorcé au bout de trente ans. Celles mariées en 1990 en sont presque à ce niveau après seulement 20 ans de mariage : on pourrait aboutir à 40 ou 45 % de mariages rompus pour ces générations. Presque un sur deux. Mais la situation pourrait être plus nuancée. Pour les mariages prononcés depuis 2005, on assiste à une baisse de la part d’unions rompues après 5 ans. L’Insee signale de son côté une « légère » diminution du nombre d’enfants mineurs impliqués dans une séparation (toutes formes de couples confondus) depuis les années 2000. Ces signaux semblent indiquer que la « fragilisation » des couples n’est pas une tendance linéaire.
On peut imaginer que s’installe deux phases-types de la vie à deux : celle du couple à l’essai, qui se cherche, puis celle du couple plus durable, notamment avec l’arrivée d’enfants. Comme l’indique l’Insee, si l’on considère les premières unions cohabitantes (toutes formes de couples confondus) beaucoup se joue dans les quatre premières années, avec une probabilité de rupture de 4 % par an, divisée par deux la sixième année.
Au fond, davantage de séparations ne signifie pas que couple lui-même soit plus fragile mais davantage choisi. Le couple demeure une norme solide (voir notre article). Comme le souligne l’Insee, 95 % des personnes âgées de 26 à 65 ans vivent ou ont déjà vécu une relation amoureuse qu’elles considèrent comment importante et 90 % cohabitent ou ont déjà cohabité avec un partenaire (données 2013). Les partenaires s’enferment moins souvent dans une union qui ne fonctionne plus. C’est bien le modèle du couple unique, de sa formation au décès, dont la portée s’est amoindrie, non celle du couple tout court.
Notes: