Le solde migratoire se situe entre 25 et 30 pour 10 000 habitants depuis 2017. Il a retrouvé son niveau de la fin des années 1960. L’arrêt de l’immigration de travail, au milieu des années 1970, a marqué une cassure1 : des années 1980 jusqu’au milieu des années 2010, le taux oscillait entre 10 et 20 pour 10 000 habitants.
Le solde migratoire est la différence entre le flux de l’ensemble des personnes qui entrent durablement sur le territoire2 et de celle qui en sortent. Il comprend aussi bien les entrées et de sorties d’immigrés3 que de personnes nées en France. Les chiffres sont approximatifs, car si on connaît relativement bien les entrées légales, on mesure très mal départs.
Si on ne considère que les immigrés, le nombre d’entrées, de l’ordre de 200 000 par an au début des années 2000 selon l’Insee, a atteint 270 000 en 2019 avant la crise sanitaire. Il a ensuite chuté pour rebondir fortement en 2022. Selon l’Insee, les immigrés nés en Ukraine ou en Russie représentent les deux tiers de la progression de l’immigration depuis 20194. Le nombre de départs du territoire est de l’ordre de 50 000 par an, mais les données ne sont estimées que jusqu’en 2020. Au total, le solde migratoire des immigrés uniquement est passé de 150 000 à 200 000 entre la fin des années 2000 et la fin des années 2010. Les données de l’Insee ne permettent pas de juger de l’évolution post-crise sanitaire.
Pour les personnes nées en France, le flux d’entrées est de l’ordre de 100 000 par an. Il s’agit souvent d’étudiants ou d’actifs qui séjournaient durablement à l’étranger de retour en France. Les sorties du territoire, de l’ordre de 150 000 par an dans les années 2000-2010, se sont taries en 2020 avec la crise sanitaire et l’Insee ne donne pas d’estimation pour les années suivantes.
Les fluctuations du solde migratoire global dépendent de différents facteurs. À partir du milieu des années 2010, l’immigration a progressé. Même si c’est dans une proportion moins importante que celle de ses voisins européens, la France a accueilli davantage de réfugiés, par exemple du fait des crises syriennes et libyennes, d’autres conflits en Afrique puis de la guerre en Ukraine. Sur plus long terme, ces évolutions correspondent à l’insertion de notre pays dans une économie mondialisée, dans laquelle les personnes circulent plus qu’auparavant, qu’il s’agisse de voyages, mais aussi de scolarités et de parcours professionnel. Un nombre croissant d’habitants de la planète, pour de très nombreuses raisons, conçoit d’aller vivre dans un autre pays.
Après une période de flux élevés lié à l’après crise sanitaire et à l’impact de la guerre en Ukraine, il est fort probable que l’on retrouve un niveau plus modéré d’immigration. Compte tenu des facteurs structurels, celui-ci ne devrait pas retomber à son niveau des années 1980 et 1990, à moins d’une forte diminution des conflits mondiaux et d’un repli national généralisé de la production et des parcours étudiants.
Notes:
- Le pic de 1962 est lié à l’arrivée de rapatriés d’Algérie. Le solde migratoire atteint alors 860 000 personnes, soit 185 000 pour 10 000 habitants. ↩
- Il ne comprend pas les touristes. ↩
- Dont certains ont la nationalité française. ↩
- « Des entrées en hausse en 2022 dans un contexte de normalisation sanitaire et de guerre en Ukraine », Insee première n°1991, Insee, avril 2024 ↩