51 millions de personnes, soit près de 80 % de la population, habitent en ville, selon les données 2020 de l’Insee. Le processus d’urbanisation s’est considérablement ralenti depuis la fin des années 1960 et il est à l’arrêt depuis dix ans. La population française continue à progresser, mais se développe autant en ville qu’à la campagne.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le processus d’urbanisation de la France s’est accéléré. La part de la population urbaine passe alors de 53 % en 1936 à 70 % en 1968. L’emploi agricole s’écroule sous l’effet de la mécanisation et les ruraux viennent grossir la population des villes, portées par la progression de l’industrie et des services. À partir des années 1970, la population urbaine croît beaucoup moins vite. L’immigration (le plus souvent accueillie en ville) est ralentie, la croissance économique se réduit. La périurbanisation se poursuit. Pour partie, elle grignote les espaces ruraux en grande périphérie, fait passer des bourgs ruraux au statut de petite ville. Mais le périurbain se développe aussi en milieu rural. Depuis dix ans la part de la population urbaine semble stagner, comme si un plafond avait été atteint.
L’urbain est défini ici comme un territoire sur lequel le bâti est continu (il faut qu’il y ait moins de 200 mètres d’écart entre les constructions), rassemblant au moins 2 000 habitants, ce qui recoupe des réalités bien différentes, entre une petite ville isolée et le centre-ville des grandes métropoles. Dans une étude prenant en compte la densité, l’Insee estimait ainsi à 33 % la part de la population vivant dans des communes peu ou très peu denses (lire notre article). Le territoire périurbain se développe, mais autant par annexion de petites communes isolées que par construction de maisons individuelles en périphérie des villes (voir notre article). À l’avenir, c’est moins la part de la population rurale isolée qui va compter que les évolutions au sein des différents types d’espaces.
Pour essayer de mieux comprendre le phénomène d’urbanisation et la place de la ville, l’Insee a construit le concept d’« aires urbaines ». Elles permettent de mesurer la dépendance à la ville, en considérant les personnes qui vivent à un endroit mais travaillent dans une zone urbaine. Avec cet outil, 95 % de la population vit dans un territoire sous influence des villes. Hormis quelques lieux reculés, le mode de vie « urbain » (parfois très éloigné des centres-villes) est devenu quasi hégémonique.
Quand l’urbain a presque tout englobé, il perd alors de sa valeur explicative. Les villes ont des fonctions différentes suivant qu’elles appartiennent à la banlieue d’une ville plus grande ou sont isolées. À l’avenir, l’une des questions centrales sera de savoir si l’habitat va se densifier ou continuer à s’étendre, avec comme conséquence la destruction d’espaces naturels (notamment l’artificialisation des sols) et le développement de l’usage de l’automobile.