La tendance était au calme plat depuis le début des années 2000 mais on assiste à un changement : depuis 2013, les Français se remettent à faire des kilomètres. En 2016, nous en avons parcouru un total de 956 milliards1 via un moyen de transport motorisé, 50 milliards de kilomètres de plus qu’en 2013.
Pour une grande part, ce phénomène est lié à une reprise des distances parcourues en automobile, reine – et de loin – en matière de déplacements motorisés (lire notre article). Elle représente 80 % du total de kilomètres parcourus chaque année. En 2012, le litre d’essence valait en moyenne 1,7 euro contre 1,2 euro début 2016 : cette baisse a joué ainsi que la reprise, même modeste, de l’activité économique. Effet de rattrapage après 15 ans de stabilité ou sursaut plus durable ? Il est encore trop tôt pour le savoir. Depuis 2016, les prix des carburants se relèvent.
Même si en termes d’impact sur le nombre de km total parcouru l’effet est moins grand, on note une remontée des transports par autocar, bus ou tramway depuis le milieu des années 2000. Ce phénomène est lié principalement aux déplacements par autocar sur des lignes non régulières, avant la libéralisation des lignes régulières dont on ne voit encore qu’un effet modeste dans les données 2016. Ce phénomène pourrait s’accentuer à l’avenir.
Les déplacements par train stagnent. Le transport interurbain, qui avait décliné au début des années 1990 et s’était stabilisé par la suite, repart à la baisse. Le développement des liaisons régulières par autocar et du covoiturage devrait encore peser dans les années qui viennent sur le rail. Ceux par train à grande vitesse stagnent depuis la fin des années 2000, mais la prolongation de lignes mises en service à l’été 2017 (de Paris vers Bordeaux et Rennes) pourrait avoir un effet positif.
Peu de déplacements à vélo
Malheureusement, les données détaillées dont on dispose sur les déplacements non-motorisés sont anciennes (2008) et parcellaires. Entre le milieu des années 1990 et la fin des années 2000, la baisse de la marche à pied dans la part des déplacements semblait enrayée (lire notre article). Mais elle a continué entre 2006 et 2015, pour les trajets domicile-travail, de 7,9 % à 6,3 % du total des modes de déplacement. On ne connaît pas l’évolution récente de la part de l’usage du vélo et d’autres formes de mobilité non-motorisée2, mais on peut imaginer que le développement des parcs de vélos urbains et de nouvelles formes de mobilité (les « glisses urbaines », roller, trottinette, etc.) peuvent jouer en leur faveur. Les ventes de vélos progressent, mais la petite reine ne représente encore que 2 % des déplacements domicile-travail en France3. Son usage régulier reste surtout le fait des adultes diplômés des plus grandes villes : comme le remarque l’Insee, « à Paris les trois quarts des actifs utilisant la bicyclette sont des diplômés du supérieur »4. Même à Paris où l’usage de la bicyclette est particulièrement développé (1 500 stations et 17 000 vélos en libre service), elle ne représente que 4 % des modes de transports employés pour se rendre au travail.
La reine automobile a marqué le coup dans les années 2000 et jusqu’au milieu des années 2010, mais elle est loin d’être détrônée. Il faudrait pour cela une forte hausse de son coût d’usage et d’achat, ainsi que des politiques de transports en commun et de soutien à la mobilité non-motorisée beaucoup plus offensives de la part de l’État et des collectivités locales. Mais son renchérissement poserait encore davantage la question de l’accès à la mobilité de personnes aux faibles revenus ou éloignées des lieux de commerce, de loisirs et de l’emploi.
Notes:
- Le ministère des Transport utilise le concept de « voyageur-km » : nombre total de km parcourus par les voyageurs, différent de celui des véhicules, qui peuvent regrouper plusieurs voyageurs. ↩
- Vélos et deux roues motorisés étaient mélangés jusqu’en 2015 dans le questionnaire du recensement. ↩
- Voir « Partir de bon matin, à bicyclette », Insee première n°1629, janvier 2017. ↩
- Voir « Déplacements domicile-travail. A Paris, le vélo est dépassé par le métro », Insee Flash Ile-de-France, n°16, janvier 2017. ↩