Les services de police et de gendarmerie ont enregistré 2 417 crimes et délits anti-lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres (LGBT)1 en 2022. Ce chiffre est 2,4 fois supérieur à celui de 2016.
Sur longue période, les Français se disent de moins en moins homophobes (lire notre article). Les enquêtes menées auprès de la population indiquent que le nombre de personnes qui se disent avoir été victimes d’injures homophobes reste relativement stable, au moins jusqu’en 2018 2. Malheureusement, l’Insee n’exploite pas les enquêtes réalisées chaque année sur le sujet et on ne dispose pas de données plus récentes. L’augmentation des faits constatés peut résulter du dépôt plus fréquent de plaintes et de leur inscription comme acte anti-LGBT par les forces de police, ainsi que de l’évolution de la qualification de certaines infractions3. Ces phénomènes semblent difficilement pouvoir expliquer l’ensemble de la progression. Il faudra confirmer ces données dans le temps, mais l’ampleur de l’augmentation a de quoi inquiéter. Les discours de rejet de l’homosexualité se propagent rapidement par le biais des réseaux sociaux.
Selon les données 2022 des crimes et délits enregistrés par les forces de l’ordre, les victimes d’actes anti-LGBT sont dans l’immense majorité des hommes (72 %) et bien plus souvent des jeunes. La moitié ont moins de 34 ans, alors que c’est le cas de 32 % des personnes victimes de crimes et délits en moyenne. Seul 1 % a plus de 65 ans, contre 9 % de l’ensemble des victimes de crimes et délits. Les infractions les plus souvent citées sont majoritairement verbales : dans 38 % des cas il s’agit d’injures, 20 % de menaces, cas les plus fréquemment cités. Si l’on ajoute les 22 % de cas de violences physiques aux 2 % de viols et agressions sexuelles, dans 24 % des cas ces infractions marquent physiquement les victimes. Dans les deux tiers des cas les agressions ont lieu dans un espace public.
Il est particulièrement difficile de mesurer l’ampleur du phénomène. Selon les enquêtes menées auprès de la population, seules 20 % des victimes de menaces ou de violences anti-LGBT déclarent avoir porté plainte, et même 5 % pour les injures. Une grande partie des actes ne sont pas déclarés, notamment ceux qui se jouent entre proches, dans l’intimité de la famille par exemple. De même que les actes mineurs : d’après les enquêtes auprès de la population, environ 170 000 personnes se disent concernées chaque année. En termes de valeurs, la société française dans son ensemble paraît être plus tolérante au fil du temps. Pourtant, au vu des dernières données, il reste un long chemin à faire pour que les différentes orientations sexuelles soient acceptées par tous.
Photo : Raphael Renter / Unsplash
Notes:
- « Les atteintes anti-LGBT enregistrées par les forces de sécurité augmentent légèrement en 2022 », Info rapide n°25, Interstats, ministère de l’Intérieur, mai 2023. ↩
- « Les injures sexistes, racistes et homophobes depuis 2006 », Keltoume Larchet, Flash’crim n°27, ONRDP, janvier 2020. ↩
- Quand un acte passe de contravention à délit. ↩