Il n’existe pas de définition officielle des « classes moyennes », concept multiforme. Celui-ci traduit la volonté de dépasser une vision binaire de la société entre dominants et dominés, France d’en haut et d’en bas, prolétaires et capitalistes (selon la théorie marxiste des classes). Au fil du temps, les classes moyennes ont regroupé des catégories différentes : « Rassemblant, par définition, des agents en situation intermédiaire dans la hiérarchie sociale, sa composition dépend étroitement des groupes dominants et « inférieurs » de la période historique considérée », rappelle le sociologue Serge Bosc dans Sociologie des classes moyennes (La découverte, coll. Repères, 2008). Le concept de classes moyennes prend de plus en plus d’importance dans l’analyse des évolutions sociales avec l’essor d’un salariat intermédiaire diplômé dans les années 1960-1970.
Dans une conception restrictive, les classes moyennes se définissent par leur niveau de vie. Plusieurs définitions ont été proposées. L’Observatoire des inégalités considère par exemple qu’elles se situent au-dessus des 30 % les plus pauvres et en dessous des 20 % les plus aisés. Un certain nombre de travaux incluent des populations de tranches encore supérieures, parfois parmi les 10 % les plus riches. Il est vrai qu’au sein des populations aisées les écarts de revenus sont considérables. En revanche, en utilisant une définition trop extensive, on perd le sens du mot « moyen ».
Dans une conception plus large, les classes moyennes sont des catégories qui regroupent les professions situées à un niveau social intermédiaire entre les catégories supérieures (qui décident) et les catégories populaires (qui exécutent). Le cœur des classes moyennes est constitué de la catégorie socioprofessionnelle de l’Insee « professions intermédiaires ». On y retrouve par exemple des techniciens, des agents de maîtrise ou des instituteurs (voir la liste, les professions intermédiaires commencent par le chiffre 4). À cet ensemble, il convient d’y ajouter une partie des employés et des ouvriers les plus qualifiés, des cadres supérieurs (notamment ceux qui débutent) et des non-salariés (lire notre article).
À l’intérieur même des classes moyennes, les niveaux de revenus et de diplôme, les modes de vie, peuvent être variés. On distingue parfois les classes moyennes dites « inférieures » des classes moyennes dites « supérieures » du point de vue des revenus, ce qui revient simplement à passer de trois à quatre groupes pour décrire la société. Le plus souvent, ces classes moyennes dites « supérieures » sont très largement au-dessus de la moyenne, et en réalité plutôt aisées. À l’opposé, on emploie souvent l’expression de « petites » classes moyennes, terme mal défini, qui semble plutôt employé pour décrire des catégories populaires auxquelles on ne souhaite pas associer ce qualificatif dans le débat. Enfin, si l’on raisonne en termes d’emploi, la distinction entre classes moyennes du privé et celles du public – qui disposent d’une garantie d’emploi – est pertinente, car le fait de pouvoir ou non se projeter dans l’avenir est central dans une période de chômage élevé.