En théorie, près de 60 % des 2,1 millions d’enfants de moins de trois ans disposent d’une place dans l’un des différents modes de garde dits « formels » (crèche, assistante maternelle, école maternelle ou emploi à domicile) selon l’Observatoire national de la petite enfance de la Cnaf (données 2021). Ce chiffre est surévalué, car un enfant peut avoir besoin de plusieurs places pour être gardé une journée entière (école maternelle et assistante maternelle par exemple).
Quand on pose la question du mode de garde aux parents, la réalité est différente. Selon le ministère des Solidarités (données 2021), 56 % des enfants sont gardés par leurs parents (leur mère dans la très grande majorité des cas) et 3 % par leurs grands-parents. Au total, 60 % qui n’entrent pas dans un dispositif « formel ». Les 40 % restants vont en crèche (18 %), chez une assistante maternelle (20 %) à l’école maternelle ou sont gardés à domicile par une personne rémunérée (3 %).
L’offre d’accueil des jeunes enfants a progressé de la fin des années 2000 à la fin des années 2010. Le nombre de places théorique est passé de 48 à 58 pour 100 enfants. Mais depuis quelques années, ce chiffre stagne alors même que le nombre d’enfants diminue du fait de la baisse des naissances. La capacité d’accueil collectif rapportée au moins de 3 ans augmente : elle est passée de 17 % à 24 % entre 2012 et 2022. Mais le nombre d’assistantes maternelles a chuté de 330 000 à 230 00 durant la même période. L’amélioration du marché du travail a permis à une partie des femmes d’accéder à des postes mieux payés. Il faut dire que le salaire horaire d’une assistante maternelle est de 3,8 euros selon la Cnaf (données 2022).
Beaucoup reste à faire pour que les parents – et en particulier les femmes sur qui repose l’essentiel de la charge – puissent disposer du mode de garde qu’ils souhaitent. Selon le ministère des Solidarités, 56 % des parents gardent leurs enfants à domicile, alors que ce mode de garde n’est le premier choix que pour 36 % d’entre eux. Cela veut dire qu’un tiers des parents sont contraints de garder leurs enfants alors qu’ils ne le souhaitent pas. Inversement, 35 % souhaitent que leur enfant dispose d’une place en crèche, mais moitié moins ont réussi à en avoir une en pratique.
Faute de solution d’accueil, une part des femmes persiste à ne pas avoir accès au marché du travail ou doit se contenter d’emplois à temps partiel. Une partie des parents doit travailler de façon décalée pour assurer une garde à tour de rôle. L’accueil collectif de type crèche étant le moins onéreux (hors garde par la famille), le manque de places pénalise surtout les parents les moins fortunés. Cette situation, qui freine les carrières professionnelles des femmes peu qualifiées, contraste avec les discours officiels sur l’égalité entre les femmes et les hommes.
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